Quel est l’âge légal de départ à la retraite en France ?

Depuis la réforme de 2023, l’âge légal de départ à la retraite en France augmente progressivement de 62 à 64 ans. Ce relèvement concerne les générations nées à partir de 1961 et sera pleinement effectif pour les personnes nées en 1968 ou après.
Une réforme justifiée par les enjeux démographiques et budgétaires
Face à l’accroissement de l’espérance de vie et à la diminution du ratio entre actifs et retraités, le système par répartition subit une pression croissante. La réforme adoptée en avril 2023 vise à garantir la pérennité du système en modifiant deux paramètres clés :
- le recul progressif de l’âge légal de départ à la retraite ;
- l’accroissement de la durée de cotisation nécessaire pour obtenir une pension à taux plein.
Cette réforme, qui a suscité de vifs débats dans l’opinion publique, repose sur un principe simple : faire évoluer les règles pour maintenir l’équilibre financier du régime sans recourir à une baisse des pensions ou une hausse brutale des cotisations.
Quel âge pour partir à la retraite selon son année de naissance ?
Le nouveau barème d’âge légal s’étale sur huit générations. Chaque année, l’âge de départ est relevé de trois mois jusqu’à atteindre 64 ans pour les générations nées en 1968 et au-delà.
Calendrier de l’âge légal de départ à la retraite
- Nés avant le 1er septembre 1961 : 62 ans.
- Nés entre septembre et décembre 1961 : 62 ans et 3 mois.
- Nés en 1962 : 62 ans et 6 mois.
- Nés en 1963 : 62 ans et 9 mois.
- Nés en 1964 : 63 ans.
- Nés en 1965 : 63 ans et 3 mois.
- Nés en 1966 : 63 ans et 6 mois.
- Nés en 1967 : 63 ans et 9 mois.
- Nés en 1968 et après : 64 ans.
Durée de cotisation pour une retraite à taux plein
En parallèle de l’âge, la durée de cotisation augmente également pour garantir le droit à une retraite à taux plein. Elle atteint 172 trimestres (soit 43 ans) pour les générations nées à partir de 1965.
Il est toujours possible de partir avant cet âge, mais une décote s’applique si le nombre de trimestres requis n’est pas atteint.
Des dispositifs spécifiques pour un départ anticipé
Certains assurés bénéficient de règles dérogatoires leur permettant de partir plus tôt que l’âge légal.
Carrières longues
Les personnes ayant commencé à travailler très jeunes peuvent bénéficier d’un départ anticipé à la retraite, sous certaines conditions. Ce dispositif concerne les assurés ayant validé :
- au moins 5 trimestres avant la fin de l’année civile de leurs 16, 18, 20 ou 21 ans ;
- et une durée d’assurance cotisée équivalente à celle exigée pour leur génération.
En fonction de l’âge de début de carrière, le départ anticipé peut se faire dès 58, 60, 62 ou 63 ans.
Travailleurs handicapés et invalides
Les personnes atteintes d’un handicap reconnu peuvent partir à partir de 55 ans, sous réserve d’avoir cumulé un certain nombre de trimestres, dont une part importante cotisée en situation de handicap. Les assurés avec une incapacité permanente d’au moins 50 % peuvent également prétendre à une retraite anticipée.
Travailleurs exposés à la pénibilité
Le compte professionnel de prévention (C2P) permet de cumuler des points en fonction de l’exposition à certains facteurs de risques professionnels (travail de nuit, bruit, postures pénibles…). Ces points peuvent être utilisés pour partir plus tôt à la retraite, jusqu’à deux ans d’avance.
Retraite progressive
Ce dispositif permet, à partir de 60 ans, de réduire son activité professionnelle tout en percevant une partie de sa pension de retraite. Il s’adresse aux salariés et indépendants travaillant entre 40 % et 80 % d’un temps plein, et ayant acquis au moins 150 trimestres.
En résumé
Année de naissance | Âge légal | Durée de cotisation requise |
---|---|---|
1961 (septembre-décembre) | 62 ans et 3 mois | 168 trimestres |
1963 | 62 ans et 9 mois | 170 trimestres |
1965 | 63 ans et 3 mois | 172 trimestres |
1968 et après | 64 ans | 172 trimestres |
Perspectives politiques et sociales
La réforme a suscité de nombreuses mobilisations syndicales. Malgré son adoption, le débat reste vif au sein de la société française. Des propositions d’abrogation ont été déposées à l’Assemblée nationale, sans aboutir à ce jour. À l’approche des prochaines échéances électorales, le sujet pourrait revenir au cœur des débats politiques.
Plusieurs scénarios restent envisageables :
- le maintien du dispositif actuel jusqu’en 2030, puis une nouvelle réforme ;
- un gel des paramètres selon les évolutions économiques ;
- ou une révision plus structurelle du modèle par répartition.
Depuis 2023, l’âge légal de départ à la retraite en France est relevé progressivement jusqu’à 64 ans, avec une exigence de 172 trimestres pour le taux plein. Des mécanismes de départ anticipé existent pour les carrières longues, les travailleurs handicapés ou exposés à des conditions pénibles. Même si la loi est désormais en vigueur, son avenir politique reste incertain, au cœur d’un débat de société sur le travail, l’équité et la solidarité intergénérationnelle.
Témoignages : comment les Français vivent la réforme
Claudine, 62 ans, aide-soignante à Tours
« J’ai commencé à travailler à 18 ans, et je comptais partir l’an prochain. Mais avec la réforme, je dois attendre quelques mois de plus. Physiquement, c’est difficile. Mon travail est exigeant, et je ressens vraiment l’usure. Heureusement, j’entre dans le dispositif carrières longues, ce qui me permet de partir un peu plus tôt. C’est un soulagement, mais ça reste une injustice pour beaucoup de collègues. »
Jean-Michel, 55 ans, ancien ouvrier aujourd’hui en invalidité
« Ma retraite est prévue à 60 ans grâce à la reconnaissance de mon invalidité. Si la réforme n’avait pas maintenu ce droit, je ne sais pas comment j’aurais tenu encore plusieurs années. Ce sont souvent les personnes les plus fragiles physiquement qui sont les premières pénalisées par les reculs d’âge. »
Sylvie, 45 ans, cadre dans les télécoms
« Je sais que je partirai à 64 ans, voire plus, car ma carrière a été entrecoupée. J’ai dû faire des choix familiaux, et ça m’a coûté des trimestres. J’envisage la retraite progressive, mais ce n’est pas toujours compatible avec les attentes de mon entreprise. Il faudrait que les employeurs s’impliquent davantage dans ces transitions. »
Michel, 66 ans, jeune retraité
« Je fais partie de ceux qui ont pu partir avant la réforme. Je me rends compte de ma chance. Beaucoup de mes amis doivent prolonger, alors qu’ils ont parfois commencé à travailler plus tôt que moi. Il y a un vrai sentiment d’injustice chez les retraités de demain. »
Des témoignages révélateurs des inégalités persistantes
Ces récits illustrent l’impact concret de la réforme sur des trajectoires professionnelles très diverses. Si certains bénéficient de dispositifs de départ anticipé, d’autres subissent de plein fouet le report de l’âge légal. Les témoignages révèlent également les limites de l’égalité formelle face à la diversité des parcours : pénibilité, interruptions de carrière, invalidité ou précarité sont autant de facteurs qui rendent l’allongement de la vie professionnelle plus difficile à vivre.
Ils soulignent aussi la nécessité d’un accompagnement individualisé dans les dernières années d’activité : aménagements de poste, retraite progressive, reconnaissance des parcours atypiques… autant de leviers qui restent encore insuffisamment mobilisés dans les entreprises comme dans les politiques publiques. La réforme de 2023 ouvre ainsi un nouveau chapitre dans le débat sur la retraite, mais aussi sur les conditions de travail et le vieillissement actif en France.